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Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/301

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— « Il faut que je vous en envoie une rognure », dit Cruz en se levant.

— « Vas-tu t’asseoir, effronté ! » crie sa femme.

Mais lui, qu’incline de droite et de gauche le poids de la nourriture et du vin :

— « Tu chanteras la tienne après ! »

Il commence d’une voix endormie, les yeux baissés, bat la mesure du pied, du coude, avec son couteau, triste, triste, et s’arrête, démâté, vent debout, perdu au milieu des mots, en plein air, mais têtu.

— « Allons préparer les lanternes », dis-je à Marguerite.

On nous a chargés de ce soin. Au bout de l’escalier, je lui donne la main, ainsi qu’à une fiancée. Elle entre dans ma mansarde. Elle n’y est jamais venue, ouvre mes livres, s’assied à ma table et trouve qu’elle ne pourrait pas écrire « droit » avec un pareil porte-plume. Le mauvais cidre me porte à la tête. Je vais accomplir, en inconscient, quelque chose de malpropre et de banal. Je ne prononce pas une parole. Marguerite ne recule pas. Sans l’effarement de ses yeux, le feu de ses joues, je la croirais