Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/39

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m’accrocher au porte-manteau, donne un coup de gant sur la poussière de mes bottines ; je laisse à Madame Vernet le temps de faire des signes à sa bonne et de lui dire, bas :

— « Vite, un gâteau de deux francs, aux amandes ! »

À la vérité, j’arrive en intrus ; mais, comme on ne me le fait pas sentir et qu’un dîner en ville est toujours bon à prendre, je salue d’un air dégagé, en essayant de varier mes formules de politesse préparées dans la journée.

Monsieur Vernet me serre les doigts impitoyablement, pour me prouver sa force, et tandis que je les agite un peu afin de les décoller, Madame Vernet me dit :

— « Bonjour ! poète ! »

J’ai voulu lui baiser la main. Elle ne s’y attendait pas ; son bras que je soulevais est retombé lourdement, et, gauchement, je me suis gardé de le rattraper.

En général, si les fourches de nos pouces et de nos index s’adaptent et s’entrecroisent avec netteté, je me sens à l’aise pour la soirée. Au contraire, je suis pris d’inquiétude comme un lièvre qui écoute, si elle ne m’accorde que le