— Vous écrivez le soir, à la veillée ?
— Oui, ou bien des amis viennent et je leur lis mes vers.
— Ils s’y connaissent donc ?
— Il y en a ; un surtout. Il sent bien si ça ne marche pas, et il me le dit. D’ailleurs, je le sens bien aussi.
— Vous réunirez plus tard vos poésies en volume ?
— Ça coûte cher. On m’a dit que chez Monsieur Lemerre on me ferait payer au moins six cents francs.
— Et vous ne les avez pas ?
— Si, ou plutôt je les avais économisés. J’ai mieux aimé bâtir une grange avec. L’autre était trop petite pour contenir mes récoltes. Mais la prochaine fois que j’aurai la même somme...
— Quel titre donnerez-vous à ces poésies ?
— Le Chant des Moissons. Il s’agit d’un jeune homme et d’une jeune fille qui se promènent à travers la campagne et se communiquent leurs impressions sur Dame Nature.
— Ce sera très bien.
— Dans le genre de la Chanson des rues et des bois, de Victor Hugo, dit le poète avec tranquillité.
Et il ajoute avec le même calme :