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Page:Renard - L’Œil Clair, 1913.djvu/158

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L’ŒIL CLAIR

A quoi servirait d’être ministre, si on ne refusait rien ?

— Tu seras chevalier, me dit Z, et tu n’es pas obligé d’apprendre à monter à cheval !

Avant d’avoir la croix, il faut la porter !

Aujourd’hui, Abel a mis son chapeau haut de forme, et c’est les sourcils froncés, la mine méchante, qu’il veut personnellement faire une visite au chef de cabinet et le sommer de lui dire si, oui ou non, le ministre me décore. Il arrête une voiture.

— Dites, je vous prie, au cocher de me conduire au ministère de l’Instruction publique.

Dites ! Ce sera votre démarche, votre demande officielle. Dites-le !

Mais le cocher ne sait pas où ça se trouve, moi non plus, et c’est Abel qui doit, du fond de la voiture, jeter l’adresse :

— Rue de Grenelle !

Z me console déjà :

— Et puis, vous n’avez pas besoin de ça, vous n’allez pas dans le monde !

— Au contraire, dis-je, ça ne me serait agréable qu’à la campagne.

Abel revient. Le chef du cabinet lui a dit :

— Comment pouvez-vous croire que je n'ap-