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Page:Renard - L’Œil Clair, 1913.djvu/189

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DIALOGUE DU JOUR


fête) veillaient à la porte. En cas de discussion, surtout avec les pauvres, ils étaient secondés par des agents. De belles dames furent bien attrapées. Irrégulièrement fidèles, elles ignoraient les instructions du prône, sans quoi, vous pensez bien que, pour elles, dix sous, ce n’est pas une somme.

— " Votre billet, madame ! " — Point de billet. Il fallait remonter dans l’auto, malgré les fourrures et le chapeau à poils.

— Quel mal voyez-vous à cette mesure égalitaire ?

— Aucun ! Les pauvres, qui attendaient depuis une heure et qui espéraient toujours qu’on finirait par leur ouvrir les portes, s’amusaient beaucoup, en grelottant, des mines vexées des belles dames. Mais ils étaient vexés aussi. Dix sous pour un pauvre, c’est encore dix sous. L’un d’eux s’écria : " Quoi ! il faudra payer à présent ! Si l’église est pleine, le curé va se régaler demain ! Seigneur ! Où va-t-on ? "

— Que voulez-vous que fasse l’Eglise persécutée ?

— Je ne dis pas qu’elle ait tort, je dis qu’elle se met à faire de l’argent comme tout le monde. Où va-t-on ? On va vers l’argent, toujours plus loin, toujours plus bas. Ne venez-vous pas de lire