Aller au contenu

Page:Renard - L’Œil Clair, 1913.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
190
L’ŒIL CLAIR

— C’est important ! M. Brisson a déclaré qu’il n’accepterait que de l’original, et, afin que ce soit plus clair, M. Bourget explique que M. Brisson désire aider un jeune homme " dans son développement autonome ". Puis, pour clarifier encore, il cite saint Augustin.

— Je me fiche des mots, mais je les comprends. Si ces messieurs font appel aux talents originaux, nous serons moins nombreux. Le vrai talent original ne court pas après les prix.

— Mais M. Brisson courra après l’originalité. II veut la découvrir de sa propre main.

— Il s’arrêtera à la première venue, à la mienne, par exemple.

— Pardon ! Vous ne devez même pas faire acte de candidat.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? Pour que M. Brisson lise mon roman, ne sera-t-il point nécessaire que je le lui montre, manuscrit ou imprimé ?

Que je le porte moi-même, ou le fasse porter par un ami ou ma concierge, il faudra bien que quelqu’un le porte ; un livre ne marche pas tout seul !

— Délicieux !

— Comment ! si j’apparaissais en personne à M. Brisson, si je lui disais : " Monsieur le direc-