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Page:Renard - L’Œil Clair, 1913.djvu/195

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DIALOGUE DU JOUR


teur des Annales politiques et littéraires, je ne suis pas un hyprocrite, l’orgueil est même mon meilleur soutien ; or, je viens de terminer un livre que je crois un chef-d’oeuvre ! lisez-le !... " ne le lirait-il pas ?

— M. Brisson est un homme raisonnable.

— On peut, selon sa nature, rechercher les prix ou ne pas en vouloir, mais j’ose dire qu’âgé de moins de trente ans, j’ai déjà la certitude que, pour obtenir un prix, il faut le demander, avec éclat ou discrètement, seul ou par de puissants intermédiaires, par les femmes ou les garçons de bureau ; chacun sa manière : il y en a trente-six ! Mais celui qui ne demande rien n’a rien, rien de rien. Existe-t-il un ministre, un seul, qui se soit dit une fois dans sa vie : " Voilà un jeune homme de talent ! Je ne le connais pas, il reste dans son coin, distrait, les yeux en l’air ; personne ne me parle de lui ; je vais le décorer. " Considérez M. Fallières, notre vénéré Président. Ce doit être un brave homme. Il ne chasse pas toujours. Il lui arrive de prendre un livre. Il se peut que ce livre lui plaise. M. Fallières a-t-il jamais eu cette gracieuse pensée si simple et bien républicaine : " Ce livre est bon. Son auteur doit être un aimable homme. Je voudrais causer un