Page:Renard - L’Œil Clair, 1913.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
192
L’ŒIL CLAIR


peu avec lui, je l’invite à déjeuner ! " A-t-il jamais eu cette idée-là ? Répondez, monsieur Fallières.

— Il est à craindre que vous ne receviez pas encore une invitation pour demain.

— Ça m’est égal ! Moi, je ne suis pas une poire ; quand je voudrai manger à la présidence, je ferai les démarches nécessaires et j’y mangerai. Je vous quitte ; je vais préparer ma composition de prix.

— Oh ! vous êtes prévenu que vous ne devez pas travailler en vue du concours.

— Quelle modestie ! Quelle blague ! Nos examinateurs seraient bien attrapés ! Je prétends, moi, que, si j’arrive, pour le prix des Annales, à composer un curieux mélange de Faguet, de Jules Bois, de Rageot, de Dorchain, de Brisson et de Daniel Lesueur (ah ! c’est délicat, et il faut le tour de main), mon affaire sera dans le sac.

— Vous auriez encore à séduire Anatole France, Maurice Barrés, Pierre Loti, Donnay, Hervieu, etc...

— Il y a longtemps que ceux-là ne savent plus lire de romans. Ils voteront au hasard, et je compte sur ma veine. Sans ce risque, ce serait trop facile !