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L’ŒIL CLAIR

Oh ! vous le retrouverez, mais d’ici là, c’est un ennemi de plus qui va faire, par le monde, sur votre dos, un sérieux travail de calomnie.


IV


... De vos livres, je préfère, par gratitude, le premier que j’ai lu. Je me rappelle : le hasard a mis sous mes yeux de jeune homme les Lettres de mon Moulin. C’est une révélation et votre œuvre de charme y passe tout entière. Je lis avec fièvre quinze, vingt, trente volumes de suite. J’épuise la liste complète de vos ouvrages. Je m’imagine que vous le sentez et que vous éprouvez une joie passagère, inexplicable. Les hommes comme vous ont ainsi une multitude de vies éparses, — et de morts. L’exaltation ne peut durer. On se lasse des plus grands. D’autres attendent. Notre mémoire, comme un mauvais manuel de littérature, ne garde qu’un nom, deux ou trois titres, et une formule sèche. Daudet, c’est le Dickens français. Rien de plus. Tant pis, voici les autres qui se pressent : bœuf Zola, divin Loti, Maupassant mâle, Bourget des femmes, à votre tour !

Et l’un nous fait dédaigner l’autre, dont il nous suffirait de relire une page pour notre confusion.