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Page:Renard - L’Œil Clair, 1913.djvu/62

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L’ŒIL CLAIR


d’un délégué cantonal ne semble pas toujours désagréable à l’inspecteur primaire, aux instituteurs et aux institutrices qui examinent. Ils aiment qu’on ait au moins l’air de s’intéresser à leur ingrate besogne.

Mais, si on examinait d’abord l’état d’esprit des petits garçons et des petites filles qui se présentent, on hésiterait peut-être à les interroger. La séance se passe au chef-lieu de canton, et il va de soi que tous les candidats n’habitent pas la petite ville. La plupart viennent des villages et des hameaux, quelques-uns de très loin. C’est, pour ceux-là, un pénible changement d’habitudes. Je ne parle pas du surmenage qui a précédé l’examen. Le jour d’épreuve venu, il faut se lever à quatre heures, à trois heures du matin, se débarbouiller comme pour une première communion, revêtir le petit complet neuf qui préoccupe et qui gêne, faire une quinzaine de kilomètres, ou plus, en voiture, ou moins, mais à pied. Ils ont mal dormi, (je me rappelle une bande de fillettes qui tremblaient de peur au souvenir d’une nuit d’orage et qu’on a sans pitié refusées). Il n’est pas sûr qu’ils aient tous pris quelque chose avant de partir. Ils arrivent fatigués au chef-lieu ; on les entasse dans une salle d’examen toujours trop étroite. La dictée