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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/124

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L’HOMME TRUQUÉ

Jean se tut et s’arrêta. Nous étions arrivés. Au fond du jardinet, qu’elle éclairait de ses fenêtres ouvertes, la maison Lebris s’élevait dans la nuit.

— Il est très tard ! dis-je.

— Oui, — répondit Jean qui me montra du bout de sa canne, dans le gazon, un point, puis un autre. — Le soleil est là, tenez !… Et la Croix du Sud, là ! Je suis bien le premier qui l’ait vue sans quitter l’hémisphère boréal !

Il mit alors, les ayant tirées de sa poche, les fameuses lunettes du docteur Prosope, qui, épousant les parages de ses yeux (comme des lunettes d’automobiliste), éclipsèrent complètement toute phosphorescence. On pouvait les prendre, ces lunettes opaques, pour des besicles de verre fumé ; et rien n’empêchait de croire que Jean devait les porter de temps en temps, pour suivre les prescriptions d’un oculiste.

— À présent, il faut me guider, fit-il. Je suis aveugle !

Je dirigeai ses pas. Nous montâmes l’escalier. Mais, quand il fut chez lui, je restai quelque temps, une main sur la