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LES DERNIERS JOURS DU PHÉNOMÈNE
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accès de fièvre pendant lequel il perdit complètement la notion du réel. Les crispations de sa face et le geste répété de mettre ses mains devant ses yeux me firent comprendre néanmoins qu’il souffrait d’éblouissements électriques, et je le masquai des lunettes opaques, en recommandant à Fanny de suivre mon exemple, même la nuit, toutes les fois que Jean paraîtrait incommodé comme par une lumière. Mlle Grive, infirmière docile, n’avait à faire aucune objection, et n’en fit pas.

Le troisième jour, Jean sortit de sa torpeur. Fanny et moi, de part et d’autre du lit, nous observions le lent réveil…

Le malade tourna la tête vers moi, puis vers elle. J’eus le pressentiment qu’il allait prononcer nos noms et révéler ainsi qu’il nous avait reconnus, — qu’il voyait ! Car il s’était rapidement habitué aux distinctives électromagnétiques des uns et des autres. — Avant qu’il ne parlât, je lui dis par prudence :

— Nous sommes là, Mlle Grive et moi. M’entendez-vous, Jean ?