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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/160

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L’HOMME TRUQUÉ

J’étais assis dans le salon de Mme Lebris, le menton sur les poings, sombre et plongé dans d’amères méditations. Une douceur se posa sur mon front…

Fanny me contemplait tristement.

Je n’avais plus aucune raison de lui cacher la vérité. Le « quand je serai mort », hélas ! était révolu.

Il y avait longtemps qu’elle se doutait de quelque chose. Du jour où je l’avais prévenue qu’il serait imprudent de me parler par signes en présence de l’aveugle, sous prétexte que la lumière l’impressionnait parfois, elle avait pressenti le mystère. Nos séances aussi, dont nous ne parlions jamais, l’avaient intriguée. Enfin, pendant son délire, Jean Lebris, livré à la nature, ne dissimulait plus qu’il voyait certaines apparences.

Fanny me pardonna sans peine d’avoir gardé vis-à-vis d’elle un silence imposé par la foi jurée.

— Ah ! lui dis-je, votre droiture adoucit mes peines ! Mais je ne serai tranquille qu’à l’heure où notre ami reposera dans une sépulture inviolable. Aidez-moi, Fanny !