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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/165

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L’EXPLOIT
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Avant l’aube, j’avais le temps de commettre plusieurs crimes et quelques prouesses… Mais cela, c’était une action louable, n’est-il pas vrai ?… Pouvais-je hésiter ! Pouvais-je laisser enfouir à jamais le secret du sixième sens ? « À jamais » pour mes compatriotes seulement !… Quoi ! nous, Français, nous resterions dans l’ignorance d’une semblable découverte, alors que l’ennemi la posséderait et la perfectionnerait ? Quoi ! demain, si la guerre éclatait à nouveau, nous subirions cette effarante infériorité d’avoir à combattre des manières de surhommes ? d’avoir contre nous, parmi nos innombrables assaillants, des spécialistes extraordinaires qui déchiffreraient à même le ciel les messages du sans-fil ? qui repéreraient les réseaux les plus profondément enterrés, les batteries d’artillerie les mieux défilées ? des gens pour qui les montagnes seraient transparentes ?… Je me rappelai avec une sorte d’effroi l’étonnante perspicacité de Jean Lebris. Je le revoyais indiquant sans hésitation le point défecueux d’une magnéto — ou l’endroit malade d’une moelle épinière. J’apercevais cent