Aller au contenu

Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
160
L’HOMME TRUQUÉ

Tout rêveur et la bénissant, je m’acheminai vers la chambre coite et calfeutrée où s’allongeait, parmi les fleurs d’arrière-saison, la pâle figure inanimée.

La servante veillait. Elle renouvela les bougies, ramassa des pétales effeuillés, et me demanda « si je resterais tard auprès de monsieur Jean ».

— Toute la nuit, répondis-je. Vous pouvez aller vous coucher, ma bonne Césarine.

Elle s’en fut. Je m’installai dans un fauteuil et j’ouvris une Bible qui se trouvait là. Mais bientôt, recru de fatigue moi aussi, rompu d’insomnie, accablé sous le poids d’une déception que l’amour de Fanny ne pouvait qu’atténuer sans la faire disparaître, je dus me lever et marcher, pour vaincre l’assoupissement.

Ma pensée faisait, sous mon crâne, un brouillard tumultueux. Je ne sais comment tout à coup, avec la brutalité d’une lumière aveuglante et brusque, s’instaura dans ma tête l’idée implacable qu’il fallait à tout prix subtiliser les électroscopes.

J’étais seul avec le cadavre, libre d’agir…

Onze heures sonnèrent.