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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/168

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L’HOMME TRUQUÉ

commisération, sur l’incroyable événement qui m’atteignait et frappait avec moi ma race tout entière…

D’un effort, je parvins cependant à mater cette dangereuse exaltation. Personne ne devait connaître ma déconvenue dans toute son ampleur. Personne, excepté Fanny. Mais, la pauvrette ! irais-je, moi, maître égoïste, troubler son repos ? Et d’ailleurs, comment l’éveiller, à cette heure tardive, sans provoquer l’étonnement de sa tante !…

Ah ! de quelle négligence j’avais fait preuve en abusant de ses forces ! Et quelle faute de m’être reposé sur elle du soin de garder le mort en mon absence ! Laisser une telle responsabilité à une petite fille qui, depuis deux jours, les nerfs tendus, ne s’était pas accordé le moindre relâche ! Notre adversaire en avait profité, parbleu ! « Aucun suspect n’est venu », m’avait-elle dit. Eh ! pour une femme de vingt ans, l’employé des pompes funèbres n’est pas suspect ! le menuisier, qui vient prendre ses mesures, n’est pas suspect ! le curé, le médecin de l’état civil, la religieuse embéguinée ne sont pas suspects !