Aller au contenu

Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
LE GESTE RÉVÉLATEUR
49

resteraient impunis et l’énigme demeurerait sans réponse. Avait-on le droit de sacrifier la justice et la vérité à l’inertie — à la lâcheté presque — d’un jeune homme farouche ?… Ah ! ce caractère de misanthrope, cette ombrageuse timidité, cet effacement morbide, comment les vaincre ? Comment triompher de mon ami Jean ?…

On venait d’ouvrir la fenêtre de sa chambre, et je le voyais lui-même, à travers la guipure de mes rideaux, tâtonner, palper les meubles familiers… Sa mère était là, mais bientôt elle le laissa seul.

Jean tenait des pinceaux, une palette… Hélas !… Il les reposa tristement.

Qu’allait-il devenir dans l’existence ? Les Lebris n’étaient pas riches. Cette petite maison constituait le plus clair de leurs biens. Ils n’en occupaient que le premier étage. Le rez-de-chaussée, en boutique, était loué au chapelier, et le second étage restait vacant depuis plusieurs mois… Quel avenir les attendait, par ces temps de vie chère, elle âgée, tordue de rhumatismes, et lui aveugle !