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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/54

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L’HOMME TRUQUÉ

Mais l’avenir, pour lui, n’était-ce pas, à bref délai, le sanatorium ?…

Midi commença lentement de sonner. Mon déjeuner, servi, refroidissait… J’étais retenu là par je ne sais quelle confuse anomalie… je ne sais quelle contradiction indéfinissable entre les gestes de Jean Lebris et ce fait qu’il était aveugle…

Je le suivais des yeux dans ses allées et venues précautionneuses. Ses mains glissaient le long de la cheminée, éprouvaient des surfaces, s’assuraient de contours… L’une d’elles se porta soudain vers son gousset, et le geste qu’il fit était si naturel, si normal, que, sur le moment, je n’eus pas la sensation d’un phénomène invraisemblable…

Pourtant, lorsque la suprême vibration de la cloche s’éteignit sur le bourg, j’étais encore figé dans la même attitude…

Au dernier coup de midi, Jean Lebris, l’aveugle, avait regardé sa montre et l’avait mise à l’heure.