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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/73

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L’AVENTURE DE JEAN LEBRIS
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arbres limitaient la prairie, formant un bois touffu qui s’allongeait indéfiniment à droite et à gauche. Je suppose qu’une rivière doit couler par là.

» Nous courions, entourés de sifflements et de détonations. Les grands arbres volaient en éclats, ou leur feuillage s’agitait au vent des projectiles. Les obus, serrés, faisaient jaillir des volcans de toutes parts ; l’air brutalisé nous bousculait. C’était un véritable enfer, où l’on entendait miauler dans le vide comme une légion de chats invisibles, enragés, écorchés, ébouillantés. Car, dans ces moments-là, tout semble vivant.

» Des camarades culbutaient. Poussés par ce vieil instinct périmé qui survit à l’invention des marmites, nous nous hâtions vers le bois. Je ne l’atteignis point.

» Tout me porte à croire qu’un éclatement se produisit devant moi… Je n’ai rien vu, rien senti. Ce fut le non-être instantané. Et je ne puis vous dire combien de temps je suis resté là, couché dans l’herbe haute.

» Je repris conscience de moi-même par