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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/76

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L’HOMME TRUQUÉ

» Et soudain, un bruit sourd et continu, auquel je ne pouvais me tromper, tambourina du côté de l’ouest. J’écoutai. C’était le bruit de l’artillerie sur les routes, un grondement qui s’étendait du nord vers le sud. L’ennemi avançait encore !…

» J’essayai de me traîner vers le bois, à quatre pattes. La tâche était au-dessus de mes forces, et même si la prairie n’avait pas été creusée d’entonnoirs et jonchée de cadavres, je n’y serais pas parvenu. Ayant tari mon bidon sans étancher ma soif, je m’allongeai, la face dans la fraîcheur de l’herbe, et je me résignai à mon sort.

» Je me souviens de m’être retrouvé accroupi et poussant des hurlements, après avoir distingué je ne sais quel bruit qui m’avait tiré de l’hébétude.

» En effet, des voix s’élevaient ; des hommes causaient entre eux, dans la distance.

» On vint. C’étaient des Allemands. Je fus placé sur un brancard, et je me sentis emporté. On m’introduisit, moi et le brancard, dans une automobile ; l’engourdissement me reprit… Au bout d’un certain temps, je me trouvai couché dans un lit, la