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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/75

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L’AVENTURE DE JEAN LEBRIS
71

» Mes yeux me faisaient souffrir, c’est vrai, mais mon corps tout entier était si dolent, que rien, jusqu’ici, ne m’avait désigné les points les plus compromis de ma chair.

» Je me tâtai, comme un homme qui craint de s’être perdu lui-même. Je fus debout, je fis deux pas, mes mains se reconnaissaient doigt par doigt. Je les passai sur ma figure, et je ne sentis rien d’affreux ; ma moustache roussie, mes cils brûlés… Un picotement sur toute la face. Pour le reste : une migraine inimaginable et cette fatigue qui me rompait les muscles dans tous les coins de mon individu.

» Mais faisait-il nuit, vraiment ? Cela se pouvait…

» L’herbe était couverte de rosée. On devait être au matin.

» L’odeur piquante des déflagrations rôdait sur la prairie. Des gémissements se firent entendre. J’appelai mes camarades par leur nom. Personne ne me répondit.

» Alors, une brise ayant passé, le frémissement du bois me renseigna sur l’orientation. La France libre était par là…