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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/80

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L’HOMME TRUQUÉ

» J’étais dans une couchette. Un grand calme succédait au roulement du train. Quelqu’un me maintenait la tête, et je sentais sur mes yeux une chaleur se mouvoir. — « C’est quelque puissante lumière, me dis-je, dont on promène le faisceau d’un œil à l’autre. On m’examine. »

» Des personnages, autour de moi, discutaient avec animation. J’ai connu, depuis lors, que c’était là leur manière habituelle de causer, et que leur langage impénétrable — guttural, chantant, accentué — comportait l’ardeur du débit et une grande dépense de vociférations. Sans les voir, on les devinait gesticulants, grimaçants. Mais ce langage avait des rudesses barbares qui me déroutaient. Un idiome balkanique ? Peut-être. Aujourd’hui, malgré tout le romanesque de l’hypothèse, je croirais plutôt à une langue fabriquée, genre volapük ou esperanto.

» Je couvris mes yeux de mes mains.

» — Que voulez-vous ? Que me faites-vous ? dis-je. Qui êtes-vous ? Dites-moi où je suis…

» Deux mains affectueuses se posèrent