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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/83

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L’AVENTURE DE JEAN LEBRIS
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» J’ai vécu, trois semaines, traité et soigné admirablement, en ce lieu de la terre qui ne m’est pas connu. J’avais une chambre bien aérée. Mon service était assuré par des domestiques furtifs et muets. Le docteur « Prosope » passait de longs moments à m’entretenir, et c’était une joie de l’entendre, car il voit les choses de haut, et il en sait, il en sait !… Cependant, je n’avais aucune nouvelle de la guerre ; le docteur prétendait s’en désintéresser comme d’un événement lointain, — lointain dans tous les domaines. Et quand je lui demandai d’écrire à ma mère pour calmer ses alarmes, il me dit simplement que, pour l’heure, c’était impossible. — J’ai beau faire appel à tous mes souvenirs, je ne me rappelle pas qu’il m’ait menti… Mais se taire, ne pas dévoiler certaines pensées, n’est-ce pas tout de même mentir ?… Enfin, que sais-je ? Quel est cet homme, après tout ?… Il avait tellement besoin de ma confiance, de ma complaisance…

» Un jour, il me dit, après m’avoir donné les soins matinaux :

» — Mon pauvre Lebris, je ne suis pas