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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/85

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L’AVENTURE DE JEAN LEBRIS
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naient lourds, cuisants, ils me semblaient dilatés, et cette souffrance m’avait fait parfois désirer ce qu’on venait de me proposer. Au demeurant, je le répète, Prosope m’avait mis en confiance… Et la maison était si paisible ! Jamais un cri, jamais de vacarme suspect. Pendant mes heures d’oisiveté et de nostalgie, quand je songeais à la belle France que mes yeux ne reverraient plus, — à moins d’un prodige auquel je ne croyais guère, — et même quand j’épiais les bruits de ma prison, pour tâcher de deviner ce qu’on y faisait, — je ne distinguais que les rumeurs du travail et de la paix. Souvent, des machines tournaient ; un ronronnement d’atelier me parvenait à travers les bâtiments. Mais tout était placide, débonnaire, reposant…

» Le lendemain, je n’avais plus d’yeux.

» Au sortir de l’anesthésie, comme je cédais à une tristesse instinctive, Prosope m’apprit avec un enthousiasme étrange que l’opération s’était accomplie dans les meilleures conditions et que tout favorisait la tentative dont il m’avait parlé.

» — Les nerfs optiques sont intacts.