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Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/129

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LE FLOTTEUR DE NASSE


À Pierre Valdagne.


Bien que M. Mignan n’eût rien lancé et se fût contenté de faire un signe, Levraut sauta dans l’Yonne, chercha et trouva quelque chose : un flotteur de nasse. Il le happa et voulut le rapporter, mais le flotteur était solidement attaché, la nasse retenue au fond par de lourdes pierres et Levraut dut nager sur place.

— Laisse donc, imbécile, lui dit M. Mignan, tu vois bien que c’est un flotteur de nasse.

Et comme Levraut s’entêtait :

— Mon pauvre chien, que tu es bête ! Allons, lâche ça tout de suite et viens ici !

Levraut, dévoué, comprenait l’impatience de son maître et redoublait d’efforts.

— Si tu t’amuses, dit M. Mignan, reste ; j’ai le temps. Au moins, tu te seras lavé.

Il s’assit, goguenard, observa son chien et s’aperçut que l’affaire tournait mal. Levraut se fatiguait visiblement. Parfois il buvait avec un grognement sourd. Opiniâtre, il serrait toujours le morceau de bois entre ses dents. Il donnait de violents coups