LA VISITE
Le fermier Pajol tient à me faire lui-même les honneurs. Les sabots des bêtes et des hommes ont treillissé le sol de la cour et mes talons se prennent parfois dans les mailles durcies. Pajol ouvre la porte de l’écurie aux vaches, entre le premier. Des brins de paille chatouillent ses hautes épaules ; sa tête, qui touche aux poutres, servirait de tête de loup pour enlever les toiles d’araignées. Une lumière douce éclaire l’écurie. Une odeur chargée l’emplit, pique les narines.
— J’aime ce goût, dis-je. Je connais un pays où l’on sauve des malades désespérés en les soignant dans une vacherie.
Pajol ne me demande pas le nom du pays ; j’ajoute :
— Ils boivent même du purin.
— Ne vous gênez point, me dit Pajol.
Nous commençons la revue. Jusqu’au fond de l’écurie, les lignes droites des dos immobiles s’espacent comme celles d’un papier réglé et les croissants des cornes remuent. Pajol flatte de la main les