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Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/146

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— Ah ! ouath !

— Et quand elle y serait allée ?

On espérait de papa Iaudi des paroles rassurantes, mais le vieillard agité ne tenait plus en place, marchait le long du mur, l’égratignait de ses ongles et urinait fréquemment, sans effort.

— Voyons, papa Iaudi, entre nous, blague à part, hein ! vieux ! répondez donc.

Il redressait sa taille pour dominer les bavardages, aux écoutes, muet. Les femmes lui secouaient ses mains qui étaient brûlantes.

— Tant pis, dit l’une d’elles, moi je descends au-devant.

Mais les hommes la retinrent :

— Pourquoi ? attendez. Vous êtes bien pressée. Et puis, c’est notre affaire !

— Voilà près de trois heures qu’elle est partie ! C’est drôle, tout de même. Entendez-vous les poules remuer ?

— Avez-vous fini de criailler, les femmes ? Qu’est-ce qu’il y a de drôle ? Elle s’amuse en route, cette fille. Elle est libre.

Et les moins troublés disaient avec un reste de confiance :

— Elle va revenir.

Et ceux qu’envahissait l’angoisse, répétaient sur un ton sourd :

— Oui, elle va revenir.

Et ceux qui déjà perdaient la tête, reprenaient d’une voix grandie :

— Naturellement qu’elle va revenir !

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