Daphnis. — Tu me permettras de t’en parler quelquefois. Pourquoi n’en es-tu pas jalouse ? Ton dédain me froisse. Je les ai aimées, ces femmes. Elles ont compté dans ma vie. Plusieurs étaient fort bien.
Chloé. — Je veux dire qu’un jeune homme doit jeter sa gourme.
Daphnis. — Pourquoi ? Pourquoi ? s’il n’a pas d’humeur et s’éponge régulièrement la tête.
Chloé. — Mais lequel des deux instruirait l’autre ?
Daphnis. — Souviens-toi d’Ève : ils achèteraient un serpent.
Chloé. — Un mari vierge est ridicule, le nies-tu ?
Daphnis. — Ridicule, la propreté du cœur ! Où prenez-vous ce goût des hommes impurs ?
Chloé. — Ils sont éprouvés.
Daphnis. — Ils n’ont que servi. Vous voulez être notre unique amour, et peu vous importe que nous ayons connu d’autres femmes avant vous.
Chloé. — Tu oses me comparer…
Daphnis. — Il lui déplaisait, à elle aussi, d’être comparée.
Chloé. — Qui ça, Elle ? je veux savoir tout de suite.
Daphnis. — Celle qui m’a le plus adouci mes devoirs de noceur.
III
Chloé. — Je suis la plus heureuse des femmes. Et toi ?
Daphnis. — N’insultons pas au malheur des autres.