Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/84

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les deux heures d’émotions successives qui viennent de s’écouler, et j’ai un grand besoin de plein air, de recueillement.

D’ordinaire, par ce soleil, les poissons courent à fleur d’eau, sautent, gueule ouverte, sur les mouches, et se régaleraient même d’amorces artificielles. On pêcherait fructueusement ce matin. Je connais un coin, près des framboisiers où, par toutes ses gouttières, le chaume entretient une fraîcheur salutaire aux petits vers jaunes.

J’empoigne une pioche, la soulève haut, les bras raides, l’abat, et du premier coup, je déterre un chiffon mou, une loque rouge et boueuse, indigne de pincettes, l’enveloppe gluante de mon plaisir dépouillé, pareille aux papiers gras d’un déjeuner sur l’herbe… le délivre !

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