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Page:Renard - Le Coureur de filles.djvu/215

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BAUCIS ET PHILÉMON

par le trop-plein de l’estomac, elle étouffait.

— Elle va pourtant se faire péter, disait le vieux qui ne se dérangeait pas.

— Ça ne peut point tarder, disait la vieille comme en sortant d’un rêve, mais, mon pauvre vieux, ce n’est pas encore pour cette fois.

Et, soulagée de son oppression, elle buvait un grand coup d’air et replongeait sa main dans la marmite.

— Je me suis peut-être volé, pensait le vieux. Tandis que sa femme n’avait guère qu’à regarder pousser ses pommes de terre, les mains jointes sur sa graisse, il devait peiner dans sa vigne, la piocher en forçat, craindre pour elle les gelées et les grêles, être agité d’angoisses quand le soleil se couchait « avec son chapeau », ce qui est un signe de mauvaise récolte. Dès le matin, et jusqu’à la nuit, il se traînait entre les ceps, le dos voûté sous sa peau de chèvre rousse, épouvantement des merles.

Il vendangeait seul et bousculait la vieille, en