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Page:Renard - Le Docteur Lerne sous-dieu, 1908.djvu/16

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le docteur lerne, sous-dieu

Suis Française, veux une machine française, veux une Durand.

— Une Durand ? fit mon voisin de gauche sur un ton déçu. Est-ce que cette marque existe ? Je ne la connais pas.

— Moi non plus.

— Ni moi.

— Ni moi.

Nous étions fort navrés de cette déconvenue, quand la voix de Cardaillac prononça lentement :

— Je ne me sers que d’une machine Durand. Voulez-vous que je l’apporte ?

— Saurez-vous écrire sans y voir ?

— Dans un quart d’heure je serai de retour, fit l’autre. — Et il sortit sans répondre.

— Si Cardaillac s’en mêle, dit un convive, nous allons nous amuser.

Toutefois, le lustre rallumé montra des visages plus sévères que de raison. Marlotte, même, était blafard.

Cardaillac revint au bout d’un laps de temps très court, — on pourrait dire : étonnamment court. — Il s’assit devant le guéridon en face de sa machine Durand, on refit la nuit, et à l’improviste la table déclara :

— Plus besoin des autres. Mettez vos pieds sur les miens. Écrivez.

On entendit le pianotement des doigts sur les touches.