Aller au contenu

Page:Renard - Le Docteur Lerne sous-dieu, 1908.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
299
le docteur lerne, sous-dieu

si vite que les panonceaux de maître Pallud me donnèrent l’impression d’une traînée d’or… À la sortie du village, la route nationale nous fit la haie de ses platanes ; puis la longue côte opposa son versant à notre célérité. Là, donnant les signes d’une fatigue que je lui remarquais pour la première fois, l’automobile ralentit, se laissa diriger.


Je dus le cravacher souvent pour qu’il nous amenât jusqu’à Nanthel, où nous entrâmes sur le tard et sans autre anicroche. Au passage d’un caniveau, cependant, la bouche de cuivre jeta une exclamation de souffrance, et je vis que le cahot venait de briser un ressort de la roue élastique antérieure droite. Arrivé dans la cour de l’hôtel, je voulus adapter à la jante un ressort neuf et n’y réussis point ; mes tentatives arrachaient à la sirène de tels braillements que je dus renoncer à la réparation. Elle n’était pas urgente, du reste ; j’avais résolu de terminer le voyage en chemin de fer et d’embarquer aux messageries la machine récalcitrante. L’avenir déciderait de son sort. Pour la minute, je la remisai dans le garage, parmi les doubles phaétons, les tonneaux et les limousines, et je me retirai à la hâte, sachant que derrière moi luisaient d’un regard faux les yeux ronds de ses projecteurs.

À force de réfléchir aux tenants et aboutissants de ce phénomène incroyable, et tandis que je m’éloignais, une phrase d’un article scientifique, parcouru naguère