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Page:Renard - Le Docteur Lerne sous-dieu, 1908.djvu/317

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le docteur lerne, sous-dieu

La science d’un enchanteur n’en serait-elle pas plutôt l’instigatrice ?

Évidemment, l’état cérébral où je suis m’épuise et demande qu’on le soigne. Or il est entretenu par l’obsession de ma sinistre villégiature à Fonval. C’est pourquoi, dès mon retour, ayant conçu nettement la nécessité d’en perdre la souvenance, je me suis mis à la retracer ; non pas, grands Dieux ! avec l’ambition d’écrire un livre, mais dans l’espoir que d’être sur le papier elle serait moins dans ma tête, et qu’il aurait suffi de la mettre dehors pour la chasser.

Il n’en est pas ainsi. Loin de là. Je viens au contraire de la revivre plus réellement à mesure que je l’ai racontée ; et je ne sais quelle puissance de sortilège m’a quelquefois obligé à mettre un mot, une phrase, contre mon intention.

J’ai manqué mon but. Il me faut m’efforcer d’oublier ce cauchemar, et supprimer jusqu’aux vétilles capables de m’y faire songer. Sous peu, différents objets seront anéantis… Il se pourrait qu’aux environs de Fonval, certains veaux naquissent trop intelligents : racheter Io, Europe, Athor, et les faire assommer. Vendre Fonval et tous les meubles. Vivre ! vivre par moi-même, avec une personnalité ridicule ou sotte, extravagante, n’importe ! mais originale, indépendante, sans conseil, et libre, ô Seigneur ! libre de souvenirs !

Ces abominations, je le jure, traversent mon cerveau