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le docteur lerne, sous-dieu

lement quelques dates, et que Lerne les avait couvertes de termes franco-allemands, indéchiffrables, encore obscurcis de ratures.

L’oreille aux aguets, le front dans les mains, je dus prendre un instant de répit afin de réunir mon sang-froid, et j’ouvris la porte de l’aile droite.

Une petite nef s’allongea devant moi. Sa voûte vitrée tamisait le jour et l’atténuait jusqu’à une pénombre bleutée, singulièrement fraîche. Mes pas sonnèrent sur un dallage.

Dans cette chambre miroitaient trois aquariums, trois cuves d’un cristal si limpide, que leur eau semblait se tenir toute seule en trois blocs géométriques.

Les deux aquariums latéraux contenaient des plantes marines. Ils ne paraissaient pas se différencier beaucoup l’un de l’autre. Cependant la rotonde m’avait appris avec quelle méthode Lerne classifiait toute chose, et je ne pouvais croire qu’il eût séparé en deux bassins des identités absolues. J’observai donc attentivement les algues.

Leurs touffes combinaient de part et d’autre le même paysage sous-marin. À droite comme à gauche, des arborescences de toutes les couleurs incrustaient aux rochers leurs rameaux rigides et bifurqués ; le fond de sable était jonché d’étoiles analogues aux edelweiss, et, par-ci par-là, jaillissaient des faisceaux de baguettes crayeuses au bout desquelles une espèce de chrysan-