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le docteur lerne, sous-dieu

bonne voiture un bidon d’essence qu’un hasard propice me fit trouver dans le coffre.

Lerne monta près de moi. Il m’indiqua un chemin droit côtoyant une falaise du défilé, subreptice traverse ingénieusement dérobée. Je m’étonnai d’abord que mon oncle m’indiquât ce raccourci, mais, tout bien pesé, ne m’enseignait-il pas ainsi la manière de m’en aller ? et n’était-ce point, au fond, ce qu’il souhaitait de bon cœur ?

Ce cher oncle ! Il fallait qu’il eût mené une existence bien recluse ou bien absorbée, car il nourrissait en matière d’automobile une touchante ignorance : de celles qu’entretiennent les savants à l’égard des sciences qui ne sont point leur partie. Mon physiologiste n’était pas fort en mécanique. À peine soupçonnait-il les principes de cette locomotion docile, souple, silencieuse et prompte, qui l’enthousiasmait.

À la lisière de la forêt :

— Arrêtons-nous là, s’il te plaît, dit-il. Tu m’expliqueras cette machine ; elle est merveilleuse. C’est ici que j’ai coutume de borner mes sorties. Je suis un vieux maniaque ! Tu continueras seul, après, si tu veux.

Je commençai ma démonstration, et je m’aperçus alors que la sirène, endommagée faiblement, était réparable en un tour de main. Deux vis et un bout de fil de fer lui rendirent son pouvoir assourdissant. Lerne, à l’écouter, s’illumina d’un plaisir ingénu. Je repris