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le maître de la lumière

meures, qui présentaient cette particularité d’être à demi-souterraines. Elles étaient constituées par des paillotes légères, assez élégantes, auxquelles correspondaient des salles de fraîcheur creusées sous le sol.

Ce fut dans l’une de ces caves que César fut invité à descendre. Les indigènes le traitaient avec douceur et même avec politesse. On lui avait enlevé son bâillon et ses liens. Il s’engagea d’assez bonne grâce dans l’escalier qu’on lui désignait et dont l’entrée s’ouvrait dans la grande salle, fort propre, d’une vaste maison de paille et de bambous.

Avant de pénétrer dans ce fragile édifice, César avait eu le loisir d’observer que le village était situé dans une clairière, au pied de la montagne principale.

Au bas de l’escalier, on le poussa sans rudesse dans un espace caverneux qu’il eut la surprise de voir très bien éclairé.

La porte, ou plutôt la claie, s’était refermée derrière lui. On le laissait seul. Il fit quelques pas vers le centre de sa prison, doutant confusément que ce fût une prison véritable, puisque, en plusieurs endroits, des ouvertures donnaient à même sur l’extérieur.

Immédiatement, toutefois, un fait inexplicable le remplit d’une soudaine perplexité qui, étant données les circonstances, se mêlait d’inquiétude et de méfiance.

Ces ouvertures, en effet, semblables à des issues de grotte, n’étaient pas grillées, aucun obstacle ne paraissait s’opposer au passage d’un entrant ou d’un sortant ; voilà qui pouvait déjà surprendre un prisonnier. Mais il y avait plus.

César écarquilla les yeux, craignant un piège. Et il regardait tour à tour les ouvertures ensoleillées, au delà desquelles s’étendaient des paysages…

Des paysages bizarres. Ensoleillés, oui. Mais pourtant obscurcis d’une manière étrange. Enfin, les arbres et les plantes, qui s’y enchevêtraient, donnaient à César une idée surprenante de la végétation de l’île. Dans ces parages, rien ne rappelait à première vue la forêt luxuriante où les naturels l’avaient capturé tout à l’heure. Ce qu’il voyait à présent formait une mêlée monstrueuse de racines, de tiges vertes et poilues et de tentacules