Aller au contenu

Page:Renard - Le Maitre de la Lumiere, 1948.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
le maître de la lumière

venait de ces corps vitreux qui tapissaient les parois de la salle souterraine et qui, lorsqu’on les heurtait avec un objet dur, comme un couteau, rendaient un son mat, un son d’épaisseur, de bloc très dense, minéral, résistant.

Ces blocs, contrairement aux apparences, ne s’interposaient en aucune façon entre l’intérieur et l’extérieur, à l’instar des vitres d’une fenêtre. Ils étaient enchâssés dans les parois de terre, sourdes et aveugles, qui bornaient la cave.

Mais pourquoi les avait-on mis là ? Pourquoi ces murs étaient-ils ainsi pavés de ces grands morceaux, d’un quartz inconnu, qui renfermaient des visions vertigineusement anciennes ? Cette cave où, d’ailleurs, le silence et l’air renfermé avaient aidé César à faire justice de toute illusion, cette cave était-elle donc une sorte de musée ?

Hypothèse peu probable.

César mit le doigt sur la vérité quand le soir descendit sur quelques vues, l’une après l’autre, et qu’en même temps le jour se leva successivement sur les trois nocturnes.

Les naturels avaient trouvé tout simplement un éclairage économique et infaillible pour leurs logis souterrains ; et l’on pouvait même supposer que la possession de sources lumineuses aussi commodes les avait provoqués à se loger ainsi, partiellement sous terre, où ils trouvaient un refuge toujours éclairé contre la chaleur de leur île.

Ce fut pendant les jours suivants que César connut les mœurs et coutumes de ses hôtes et comment ils se servaient de la substance merveilleuse à laquelle ils avaient donné le nom de mong-tiô, c’est-à-dire la pierre-qui-se-souvient.

Ils utilisaient également ces blocs pour voir clair pendant la nuit dans leurs petits logements, pour se faire des signaux sur les sommets des monts, pour écarter les bêtes féroces. Et ils tissaient, des espèces de rideaux épais, afin d’en voiler au besoin leurs singulières lampes qui, non contentes de les illuminer, leur montraient toutes sortes de scènes incroyables.

Mais voici comment le corsaire apprit tout cela et