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le maître de la lumière

d’autres singularités qui n’ont pas leur place dans notre récit. Ce fut très simple.

Les matelots de corvée ne voyant pas revenir leur capitaine se mirent à sa recherche et, suivant à la piste la petite troupe de ses ravisseurs, ne tardèrent pas à découvrir le village au pied de la montagne.

Ils en firent le siège, en hommes qui se connaissaient à ce genre de divertissement ; mais, craignant pour la vie de César, ils commencèrent par une démonstration tonitruante de coups de fusil tirés en l’air. 

Comme ils l’avaient prévu, les indigènes prirent peur à cette fusillade nourrie, soutenue de hurlements appropriés, dont les frères de la Côte accompagnaient d’habitude leur ruée d’abordage, quand les grappins avaient saisi le bâtiment ennemi et que les tambours battaient sinistrement. Les quelques détonations du fusil de César n’avaient pas préparé les naturels à ce charivari diabolique, évocateur de la foudre, du tonnerre et d’une éruption volcanique.

Ils se crurent perdus et ne trouvèrent rien de mieux que d’aller quérir César dans sa cave féerique.

Le capitaine comprit immédiatement de quoi il retournait. Il calma sans tarder tout ce vacarme, se fit rendre son fusil, sa poire à poudre et sa gibecière, qu’on lui avait confisqués. Et, libre à bon compte, s’en retourna vers la Finette avec ses sauveurs. Il n’avait pas couru de grands dangers.

Cependant l’idée de la matière mystérieuse ne le quittait pas. Rentré à bord, il y réfléchit profondément. Du séjour qu’il avait fait sous terre, éclairé par la lumière de journées préhistoriques, un émerveillement lui restait. Et une curiosité encore insatisfaite. Et, de plus, la certitude qu’il y avait une fortune à gagner au moyen du secret de l’île inconnue.

C’est pourquoi il avait empêché ses hommes d’entrer dans l’enceinte du village.

C’est pourquoi, dès le lendemain, sur le seuil de cette enceinte, il reparut aux yeux de ses agresseurs.

Seul, sans armes, mais avec une provision d’objets propres à flatter les instincts d’une population simple et naïve.