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le maître de la lumière

derrière la bibliothèque, que César, soupçonneux, aménagea lui-même.

La chute de l’empereur, le retour des Bourbons et la disgrâce qui s’ensuivit pour le capitaine vinrent bousculer toutes ses prévisions. Il ne pouvait plus être question de reprendre la mer sur un bâtiment de course.

César n’hésita pas à fréter pour son propre compte un yacht gréé en goélette, bien marin ; et, malgré la dépense considérable d’une telle entreprise, il partit un beau matin, de Bordeaux, pour une destination sans mystère : Madagascar.

On devine que Madagascar n’avait rien à faire en ceci et que l’île du verre optique était le véritable but de cette campagne dite de plaisance.

Mais soit qu’un tremblement de terre eût achevé d’anéantir les restes de l’archipel, soit que César eût mal repéré sa position, ce but ne fut pas atteint. L’île et les îlots demeurèrent introuvables. En vain le yacht croisa-t-il dans la région de l’océan où César pensait les atteindre. Il n’y avait là que l’étendue morne et déserte des flots.

César en fut grièvement déçu. Son tempérament vif et flanc le porta à s’accuser de maladresse. Il revient sans cesse, dans son écrit, sur la faute qu’il a peut-être commise, dit-il, en faisant le point. Il préfère attribuer sa déconvenue à sa faute plutôt qu’à un séisme, probablement pour entretenir dans son esprit on ne sait quelle espérance de retrouver un jour cette île au trésor qui se fût appelée l’île Christiani et qu’il eût offerte à la France. Mais aujourd’hui, la surface du globe étant connue pouce par pouce, et les cartes n’indiquant, dans cette zone de l’Océan Indien, rien qui ressemble à une île, même minuscule, nous devons croire que le sextant du capitaine avait bien fonctionné, que ses calculs étaient justes et que tout le mal était venu d’un cataclysme sismique auquel il fallait d’ailleurs s’attendre tôt ou tard.

Quant aux lieutenants et aux matelots de la Finette, il ne faut pas s’étonner qu’ils n’aient jamais rien dit de l’île. Le second et les meilleurs lieutenants étaient partis sur les prises de César vers Port-Napoléon ; les au-