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Page:Renard - Le Maitre de la Lumiere, 1948.djvu/232

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le maître de la lumière

Seulement, elle n’a pas cru devoir confier tout cela au commissaire. Elle a préféré lui laisser croire qu’elle ne connaissait pas ce monsieur… hum ! ce monsieur…

— Tripe, acheva Charles malicieusement.

Bertrand, désappointé, vexé, regardait Colomba d’un œil calamiteux. Charles reprit :

— Le baron Tripe, peut-être !

— Ah ! n’insiste pas ! Je t’en prie ! gémit Bertrand.

— Que tu es méchant ! dit Colomba.

— Bah ! décida son fiancé en prenant son parti. Que mon aïeul se nomme Tripe ou autrement, c’était quand même un brave cœur. Voyez-le.

Le nouveau venu, ayant déposé sur le guéridon de marbre blanc sa canne et son chapeau, s’était agenouillé auprès du mort. Un rapide examen lui suffit pour s’assurer de l’irréparable malheur. Il se releva, pâle, laissant retomber ses maigres mains sur ses maigres jambes et, enveloppant la jeune fille d’un triste regard tout fondant de tendresse et de fidélité, un vrai regard de bon chien.

Henriette se jeta contre lui en sanglotant. Il touchait de ses lèvres le front de la jeune fille. Et ils demeurèrent ainsi de longues minutes douces et profondes.

Henriette et Tripe, l’homme à la canne, revinrent peu après, en compagnie de M. Dyonnet, le commissaire, M. Joly, chef de la police municipale, et un sergent de ville.

Tripe jouait convenablement son rôle d’inconnu, de passant, de témoin désintéressé.

Les magistrats se livrèrent aux constatations habituelles en 1835, usant de méthodes primitives et expéditives. On sait quel en fut le résultat.

Avant la nuit, beaucoup de messieurs pénétrés de leur valeur, beaucoup d’auxiliaires également avaient passé dans le cabinet de feu César Christiani, dont la dépouille mortelle fut enlevée aux fins d’autopsie.

— C’est effrayant ce qu’ils se ressemblent ! Ils ont tous l’air d’être parents ! dit Bertrand Valois.