— Ce doit être par ici, dit-elle.
Les allées s’enchevêtraient. Cette contrée du Père-Lachaise est ombreuse et romantique. Les monuments ont une apparence d’autrefois. Les arbres eux-mêmes sont funèbres à l’ancienne mode et leur feuillage est éploré selon le saule du poète.
Geneviève et Rita cherchaient, deux yeux, parmi les stèles, entre les cyprès et les ifs. Geneviève fit halte :
— C’est là.
Une tombe allongeait sa dalle moussue dans un petit enclos qui la bordait de chaînes reliant quelques bornes. Sous un frêne pleureur, la stèle ogivale se dressait toute droite, comme le chevet d’un dur et froid lit de pierre. Et, gravés l’un sous l’autre, au plat de la table, des noms s’alignaient.
Le premier :
né à Silaz (Savoie) le 2 avril 1792
décédé à Paris Le 13 novembre 1832
Le second :
capitaine de vaisseau
né à Ajaccio le 15 août 1769
décédé à Paris le 28 juillet 1835
Le troisième : Eugénie Christiani 1844-1850. Puis : Lucile Christiani, épouse Leboulard, 1795-1866 ; Anselme Leboulard-Christiani, 1815-1883 ; Napoléon Christiani, 1814-1899 ; Achille Christiani, 1848-1923 ; Adrien Christiani, mort pour la France, 1873-1915.
Elles lisaient en silence, immobiles, Rita plus pieusement, roses toutes deux du reflet des fleurs dont elles pressaient contre leurs seins la masse somptueuse.
Rita soupira profondément.
— Les tristes amours ! dit-elle avec un sourire fugitif et plein d’amertume.
Le soir venait après une journée sans éclat. Le soleil