gieuse apostrophe, et une autre voix — claironnante, celle-ci, colorée et nettement méridionale, — s’écria, sur un ton de surprise effarée :
— Bon Dieu ! Jean Cartoux !
La voix de César, parbleu ! La voix pathétique du Corse, répondant à celle de son agresseur, prononçant les mots qu’on n’avait pas vu articuler, puisque, en les prononçant, César tournait le dos ! Mais quel était ce phénomène, ce prestige sonore ? Comment ces paroles venaient-elles d’éclater là ? Par quel miracle du genre luminite ce dialogue s’était-il dégelé soudain, au milieu des objets légués par César, — les objets ayant appartenu à la victime ?…
Par les deux fenêtres, d’un commun accord, Charles, Bertrand et Colomba rentrèrent impétueusement dans le salon de la cousine Drouet.
Personne. Seuls : les meubles, le buste de Napoléon, la corvette toutes voiles dehors, la mappemonde…
La cousine, à son tour, se penchait à l’intérieur. Elle n’avait pas perdu de temps, mais tout s’était passé si vite ! Du reste, elle souriait paisiblement.
Et encore tout à coup, la voix corse entonna, vibrante :
— Vive l’empereur !
— Eh ! fit la cousine. Le voilà qui se réveille. Il y avait longtemps qu’il n’en avait tant dit ! C’est le soleil et tout ce tapage, sans doute !
Mais, cette fois, Charles et les deux autres avaient localisé la source de la voix : cette voix venait non d’une bouche et non d’un cornet de machine, mais d’un bec. Et ce bec, remarquablement crochu, appartenait à un perroquet si déplumé qu’il fallait y regarder à deux fois pour reconnaître que ses couleurs avaient dû être quelque chose comme le vert et le jaune.
Charles fixa la cousine d’un air illuminé :
— Pitt ? interrogea-t-il. Le… perroquet de César ?
— Naturellement. Il n’est pas encore très âgé, pour un perroquet. Je crois bien qu’il n’a pas plus de cent quarante ans, et l’on m’a assuré qu’il pouvait aller jusqu’à deux cents ans, avec un peu de chance. Ces animaux-là sont mieux partagés que nous autres. Leur lon-