gévité est extraordinaire. Ne t’en souvenais-tu pas ? Tu sembles stupéfait.
Pitt, sans presque bouger, comme un bonze vénérable, reprit à tue-tête, avec l’accent de son défunt maître :
— Vive l’empereur !… Bon Dieu ! Jean Cartoux ?… Vive la Charte, ah ! ah !…
Puis, sur le grand vacarme fastueux de la rue, revint l’altercation à deux voix :
— Vous me reconnaissez, n’est-ce pas, capitaine ?… Bon Dieu ! Jean Cartoux !…
Les trois jeunes gens, ahuris, s’extasiaient en silence.
Charles triomphait, et ce triomphe si imprévu, si insolite, l’étouffait de joie.
— Il parle très rarement, depuis quelques années, — disait la cousine Drouet, du balcon qu’elle avait réintégré pour ne rien perdre de la revue costumée. Il faut, pour l’y décider, des occasions comme celle-ci : des visages qu’il n’a pas l’habitude de voir, des bruits inaccoutumés…
— Mais, ma cousine, ma cousine, dit Charles, vous ne savez pas… Ce qu’il vient de répéter, vous ne soupçonnez pas ce que c’est ! Ce nom : Jean Cartoux…
— Oh ! il a toujours dit cela, avec un tas de choses que nous ne pouvons plus comprendre.
— Et vous n’avez jamais eu l’idée de chercher l’explication…
— Certes, non ! Je n’y ai jamais attaché d’importance. Est-ce que c’est important ? Tu me le ferais croire.
Le perroquet retrouvait sa mémoire, éveillée en commotion par le vacarme du peuple et du défilé. À présent, il chantonnait, en inclinant son petit crane chauve :
Quand je bois du vin clairet,
Tout tourne, tout tourne,
Quand je bois du vin clairet,
Tout tourne, au cabaret !
— Je vous crois, que c’est important ! s’exclamait Charles. Ma cousine, tenez-vous bien ! C’est le nom du meurtrier de César que Pitt vient de nous révéler. Jean Cartoux !