— Jean Cartoux ! disait-il. De tous les personnages d’autrefois, dont nous avons fait la connaissance, voilà bien le dernier que j’aurais soupçonné ! Pourquoi diable cet homme-là a-t-il tué César ? Et pourquoi l’a-t-il tué précisément à la minute où Fieschi faisait jouer sa machine infernale ? C’est un drame policier, cette affaire-là !
— Hum ! objecta Charles. Note bien que César connaissait Cartoux, puisque l’autre lui a demandé s’il le « reconnaissait ». Or, nous savons — nous croyons savoir — que César n’a jamais rien fait qui put légitimer l’intervention de la justice. Ce ne serait donc pas en tant que policier qu’il aurait connu Jean Cartoux…
Colomba fit observer.
— Du reste, qu’est-ce donc que cet étrange inspecteur, ce Cartoux qui n’a pas reculé devant le plus abject des faux témoignages pour égarer l’instruction ? Il aurait laissé condamner un innocent à sa place ! Il aurait fait guillotiner Fabius Ortofieri !
Et Bertrand :
— Je comprends pourquoi il a demandé un congé le soir du 28 juillet. Le vrai motif, ce n’était pas qu’il fût fatigué, comme il l’a dit, mais il craignait d’être employé aux constats dans l’appartement de César. Il avait peur d’être mis, de la sorte, en face de sa victime… Et voilà pourquoi nous ne l’avons pas revu, lui, l’assassin ; voilà pourquoi il n’était pas au nombre des policiers qui ont instrumenté chez César !
— Je pense que ce Jean Cartoux s’est vengé, dit Charles. Son attitude, quand il est entré, semblait indiquer une colère froide, triomphante…
— C’est vrai, reprit Bertrand. Mais cette expression s’est transformée du tout au tout, lorsqu’il s’est rendu compte qu’un attentat venait d’avoir lieu contre le cortège royal.
— Cela s’explique assez ! N’avait-il pas délaissé son service, abandonné son poste, pour monter l’escalier du numéro 52 et fusiller César !… Oh ! plus j’y réfléchis, plus je crois à une vengeance préméditée. Ce service, cette obligation d’être sur la voie publique au moment du passage du roi et des princes, quel alibi pour un poli-