douve n’a plus ses yeux, et la capote, tendue comme un dais, bouchait complètement la vue du ciel, pour le chauffeur aussi bien que pour moi. »
— « Bon ; c’est regrettable. — Ah ! quelle robe portait Mme Le Tellier ? »
— « Une robe noire, toute simple, unie », répondit l’astronome un peu démonté.
— « Pas de chapeau ? »
— « Non. »
Le secrétaire tira son calepin, le consulta, et dit :
— « Mon maître, tout s’éclaire en ce qui concerne l’anormale libération de Mme Le Tellier. Elle a des cheveux au henné, elle était vêtue d’un costume de deuil ; son signalement est donc le même que celui de la demoiselle Charras, enlevée le 11 juin à Champagne, laquelle demoiselle est d’un blond rougeoyant et venait de perdre sa mère. »
— « Que voulez-vous dire avec votre signalement ?… Pour l’amour de Dieu, apprenez-moi ce que vous savez ! Tous ces embrouillages !… Ce veau qui enlève mon fils !… J’y laisserai le sens, moi aussi ! »
— « Eh bien, » commença Robert, compatissant, « je suppose que… — Et puis non, tenez ; vraiment, je ne peux pas ! Mettez-vous à ma place : je ne fais que supposer, et supposer du vague… Je vous l’ai déjà dit, maître : je ne parlerai qu’à l’heure où j’aurai toutes les certitudes… Mais alors — c’est plus que probable — d’autres considérations survenues m’empêcheront de parler…, ne serait-ce que la peur de semer la peur… »
« La peur de semer la peur ?!… » se disait M. Le Tellier. « Le signalement de Lucie conforme à la désignation de Mlle… Chose ?!… Ah çà ! fichtre, voilà un discours superlativement incohérent !… Est-ce que d’aventure… Tiens ! tiens ! tiens !… Et tout cet arsenal que j’ai aperçu dans l’armoire !?… Et ces rangements à trois heures du matin !?… Diable ! diable ! Est-ce qu’il déménage, à son tour ?… »
Il quitta les lieux sur cette réflexion désagréable. Et nous devons reconnaître que les actes de Robert devaient à juste titre, chaque jour un peu plus, l’ancrer dans son idée qu’il perdait la raison.