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le péril bleu

Corbonod, qui reçut la visite des filous. Là, ils s’attaquèrent surtout aux potagers, qu’ils dévalisèrent. Et la nuit suivante, les tristes voyous se livrèrent à leurs actes de vandalisme dans le hameau de Charbonnière, toujours à côté de Seyssel. Un chevreau de cette localité, qui s’était échappé, n’a pas été revu.

La gendarmerie est sur les lieux. On soupçonne plusieurs individus et notamment un vagabond qui chemine avec lenteur et dont le séjour dans les villages éprouvés coïncide justement avec lesdites épreuves. Nous attendons d’autres détails et nous tiendrons nos lecteurs au courant. — Mais voilà une aventure de voleurs bien digne de ce pays ; car, ne l’oublions pas, c’est à la crête des rochers dominant le Val du Fier qu’on montre aux voyageurs la maison de qui ?… De Mandrin.

Ces lignes intriguèrent M. Le Tellier, peut-être même plus que de raison. Mais, à réfléchir, l’idée lui vint que probablement le mystère résidait surtout dans les termes de l’information, et que le manque de détails n’avait seul produit l’apparence.

Comme il devait écrire à son beau-frère Monbardeau, cet homme avide de lumière profita de l’occasion pour lui demander là-dessus quelques éclaircissements.

Voici sa lettre. Je la reproduis in extenso, car elle traite d’événements et de choses étroitement liés à notre histoire.

( pièce 9)
Au docteur C. Monbardeau,
Artemare,
(Ain).

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Paris, 202, boulevard Saint-Germain. 18 avril 1912.
Mon cher Calixte,

Grande nouvelle ! Nous arriverons à Mirastel le 16 dans la soirée, ma femme, ma fille, mon fils, mon secrétaire et moi. Je préviens par même courrier cette bonne madame Arquedouve. — Tu as bien lu « mon fils », Maxime nous accompagne ; le prince de Monaco lui donne un mois de congé entre deux croisières océanographiques.