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le péril bleu

mais la consigne les rendait sourds. Ils éprouvaient la sensation de transporter une vastitude relativement légère, mais offrant beaucoup de résistance et d’inertie, — ce qu’ils attribuaient d’eux-mêmes au cubage.

Entre les chevaux de Marly, la colonne hâtive oscilla. Sous les visières de métal ou de cuir, des faces pétries d’alarme s’étaient retournées. Un murmure grandissant accourait du lointain…

Mais ce n’était pas la venue d’un second désastre. La course ! La course revenait ! — On l’avait oubliée…

Deux atomes germaient au fond du ciel, deux dragons chimériques et vrais, fils de l’Homme et de la Science, luttant de grâce et de rafale, qui arrivaient dans un sillage de hourrahs plus beau que nulle symphonie.

L’Épervier distançait le Prolétaire ! Il fondait au but, flèche pour la vitesse, arbalète pour l’apparence…

Le canon, gravement, consacra le triomphe de l’oiseau bleu.

Par un chassé-croisé de leurs destins, le capitaine Santus rentrait dans l’ombre et M. Le Tellier le remplaçait au pavois du renom, près de M. d’Agnès.

Mais Paris ne savait pas que ses idoles, si contraires pourtant, n’avaient toutes les deux qu’une pensée dans l’âme et qu’un amour au cœur et qu’un nom sur les lèvres : — Marie-Thérèse.