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Suite du Journal



Affairé par la conduite de son appareil, le pilote de l’Épervier n’avait rien remarqué de l’émotion générale. Il apprit l’événement miraculeux à sa descente d’aéroplane, au milieu d’une assistance clairsemée. L’agglomération s’était portée vers le Grand-Palais, où maintenant convergeait l’étoile centripète du mouvement parisien. Le pont Alexandre étirait la presse des émigrants ; le duc d’Agnès s’y engagea.

N’entrait pas qui voulait dans l’édifice sévèrement consigné. Le 131e de ligne en gardait les portails contre une démocratie sans vergogne et, de plus, incommensurable.

L’aviateur se présenta au colonel-portier en même temps que trois officiers de marine. Ayant fait valoir leurs titres, ils passèrent.

La tranquillité du hall plusieurs fois cathédralesque, si désert, à peine égayé de moineaux pépiards, contrastait bizarrement avec le meeting forcené de l’extérieur. À cette date de l’année, le temple des Salons et du Concours Hippique se trouvait en vacance. Au centre de son aire immense qui vous donnait un vertige horizontal, sous sa voûte vitrée dont la hauteur d’abîme vous donnait un vertige à l’envers, se groupait une réunion de messieurs — infiniment petits. À l’écart, des agents-pygmées et des pompiers-cirons, assis par terre, semblaient se reposer.