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le péril bleu

— « Ah ! le Turc, c’est le bouquet ! » s’écria M. Le Tellier en éclatant de rire. « Un pacha, venu pour visiter Paris avec douze créatures de son harem !… Il les promenait sans relâche, hermétiquement voilées, au fond de trois landaus de louage ! »

— « Hatkins ne s’est pas mis sur les rangs ? » demanda M. Monbardeau, le visage sévère.

— « Non… Pourquoi ? »

— « Ouf ! je respire. »

— « Mais, mon cher ami, M. Hatkins ne connaît pas Marie-Thérèse… De plus, tout le monde sait qu’il garde un culte fervent au souvenir de sa femme… Enfin, M. Hatkins est le plus humble des philanthropes, et ne s’est pas montré, même une seconde, à l’inauguration. Il n’a jamais vu ma fille, j’en réponds. »

— « Tant mieux, tant mieux. »

— « Mais enfin… »

— « J’ai mes raisons. »

— « Puisque tu le connais, sais-tu qu’il va partir avec des amis pour faire le tour du monde ? »

— « Ça m’est bien égal ! »

À cette minute, les « enfants » rentraient, clignant les yeux aux lumières des lampes. — M. Monbardeau les interpella :

— « Hé ! Vous n’avez pas rencontré le Sarvant ? »

Et tous de rire, plus ou moins de bon cœur.

— « Êtes-vous contents ? » interrogea Mme Arquedouve

— « En doutez-vous, grand’mère ? On va reprendre dès demain la bonne vie d’autrefois ! » répondit Maxime.

— « Tu retrouveras ton laboratoire avec tes anciennes collections, ton aquarium ! »

— « Il va même resservir, cet aquarium. Je voudrais tenter ici quelques expériences utiles à mes travaux d’océanographie. Ce vieux Philibert me fournira de poissons tous les huit jours… Et puis, je compte aussi faire beaucoup d’aquarelle. »

— « Et des excursions, je suppose ! » s’écria Marie-Thérèse. « Tout cet hiver, je n’ai pensé qu’au moment où