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Page:Renard - Le Vigneron dans sa vigne, 1914.djvu/119

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NOUVELLES DU PAYS


— Est-ce que vous sauriez encore danser ?

— Si mon petit-fils Pierre n’était pas mort et qu’il se marie demain, je ferais le premier saut du bal.

— Au moins, vous pourriez rire.

— De bon cœur, s’il fallait, et je ferais bien rire les autres.

— Riez un peu, Honorine.

— Je n’ai pas envie.

— Montrez seulement comme vous riez.

— Sans être échauffée, ça ne ferait pas le même effet.

— Ça me fera plaisir. Allons! riez, Honorine.

— Je veux bien, dit-elle, parce que c’est vous.

Elle se dresse, pose son cabas sur sa chaise, lève un pied, frappe dans ses mains et pousse par trois fois une espèce de hennissement.

— Assez, Honorine, assez !

Elle impressionnait avec sa grande bouche noire où je ne voyais qu’une longue dent, comme une pierre au bord d’une mare. Et ses mains sonnaient l’os.